Luc Tangorre incarcéré en détention provisoire à Lyon. (En bref, le 14/01/2018)
Par Virginie Ikky,
le 14 janvier 2018.
Les affaires se suivent et se ressemblent pour Luc Tangorre, de nouveau mis en cause pour des délits à caractère sexuel commis alors qu'il était placé sous contrôle judiciaire. Les faits remontent au mois d’août dernier : dans un parc de Saint-Martin-en-Haut, dans le Rhône, Luc Tangorre aurait abordé une jeune fille âgée de 14 ans, lui faisant part de son souhait de "faire sa connaissance". Il lui aurait proposé un rendez-vous mais une amie de la jeune fille aurait interrompu "l'idylle naissante". Interpellé quelques temps plus tard pour "vol à l'étalage", il a été reconnu par sa victime. Au moment des faits, Luc Tangorre était placé sous contrôle judiciaire pour des agressions sexuelles commises au Grau-du-Roi durant l'été 2014.
Le 23 décembre 2017, il a donc été mis en examen pour tentative de corruption de mineure par une juge d'instruction lyonnaise. Le juge des libertés et de la détention l'a, à ce titre, incarcéré préventivement, une décision suffisamment rare dans les affaires de corruption de mineurs pour être soulignée. Ce délit, visé par l'article 222-27 du Code Pénal est caractérisé lorsqu’un individu s’efforce de "profiter de la jeunesse et de l’inexpérience de sa victime pour l’initier à un vice, et s’efforcer de l’en rendre esclave".
Luc Tangorre n'est en effet pas un mis en cause lambda.
Outre une mise en examen à Nîmes pour l'agression de trois vacancières au Grau-Du-Roi en 2014, il est surtout connu de la justice pour son pedigree de violeur récidiviste, reconnu coupable à deux reprises par une Cour d'Assises.
En 1983, Luc Tangorre, alors étudiant, a été condamné à 15 ans de réclusion pour quatre viols, une tentative et six attentats à la pudeur commis dans les quartiers sud de Marseille entre 1979 et 1981. Dans les années 1980, invoquant un complot policier et judiciaire, il avait réussi à rassembler autour de lui un vaste comité de soutien et à attirer l'attention d'intellectuels et d'une partie de la presse. L'historien Pierre Vidal-Naquet, dont le frère avocat assurait la défense de Tangorre, avait notamment publié dans Le Monde une tribune intitulée « Le viol est un crime, l'erreur judiciaire aussi », signée par de nombreuses personnalités telles que Marguerite Duras, Françoise Sagan, Claude Mauriac, Jean-Claude Gaudin, ou Dominique Baudis. Fort de soutiens si prestigieux, Luc Tangorre avait obtenu de François Mitterrand une grâce présidentielle partielle et était sorti de prison le 15 février 1988.
Quelques mois après sa libération, Luc Tangorre avait de nouveau été interpellé et accusé du viol de deux étudiantes américaines, des faits commis trois mois, à peine, après sa sortie de prison. Condamné une seconde fois aux assises le 8 février 1992, Luc Tangorre avait crié à la manipulation judiciaire. Pierre Vidal-Naquet sera contraint de publier des excuses.
Car si "les forces occultes s'acharnent" Luc Tangorre lui, n'avoue jamais.
Virginie Ikky pour GREFFIER NOIR, le 14 janvier 2018
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